samedi 21 juin 2008

couche-tôt (deuxième minute thérapeutique)

Ce soir je suis toute seule. J'aime bien ça. Non je ne vais pas manger en cachette ni me planter devant la télé (que je regarde jamais). Je fuis, et à 37 ans, je commence à donner un sens à cette fuite. La soirée m'apporte une sorte d'angoisse, là où d'autres s'éveillent et se lancent dans des activités créatrices florissantes. Moi, sitôt le diner avalé, je tourne en rond et je lutte pour ne pas m'échapper à la journée qui vient de se terminer. Fatiguée ou pas, j'ai besoin de m'isoler, comme si la vie quotidienne était une longue apnée. Encore une fois, j'ai besoin de partir, d'être une autre. Si possible, ne pas trop me solliciter, ni trop me parler. La vue des pyjamas des enfants me rappelle qu'il faut encore leur lire une histoire avant de pouvoir tout débrancher. La journée s'arrête là, je ne veux plus être une maman, ni une instit, ni rien. C'est plus fort que tout.

Je les envie, tous ceux qui, en n'éteignant la lumière qu'après 23 heures ont le sentiment d'avoir rempli cette soirée de choses palpitantes, ceux qui me racontent, le lendemain à l'école tout ce qu'ils ont fait après le diner, moi qui mens souvent sur l'heure de mon coucher pour ne pas être la risée de tous. Se coucher tard, c'est prouver au monde entier qu'on est important, qu'on a des trucs à faire qui nous occupent. Se coucher tôt, c'est honteux, notre vie est vide, nos centres d'intérêt creux, c'est triste, c'est nul, c'est les mémés qui se couchent tôt, c'est les gens qui dépriment, ceux qu'on invite pas, voilà tout ce qu'on lit dans le regard des gens à qui on dit qu'on s'est couché tôt la veille. Je pensais qu'en grandissant, j'arriverais à regarder un film jusqu'au bout. Et puis j'ai arrêté d'y croire, parce qu'a 37 ans, ça n'a pas changé. Le seule différence c'est que maintenant je ne regarde même pas le début. Je fuis je fuis, sans rien dire, ni bonsoir ni bonne nuit (ce qui serait un signe d'abandon, de capitulation face au grand méchant soir qui s'annonce).


Ma seule gloire dans tout cela est de dévorer des livres par volumes et de trouver dans les mots l'apaisement dont j'ai besoin. C'est comme une seconde vie qui commence, le soir, une vie où je ne suis pas fatiguée, où je pars encore une fois, oui, comme en allant dans ma lingerie.


Je suis toujours à la recherche d'un autre moi et j'y arrive plutôt bien. Un genre de schizophrénie finalement!


Ce soir, ils sont tous à Poitiers, pour la fête de la musique. Evidemment que je n'allais pas y aller. Vite, vite, il est temps d'aller se coucher et de fermer la porte sur cette journée.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Que t'arrive-t'il?Tu as un coup de blues?Tu nous a habitués à plus de sérénité et d'enthousiasme.Maman et moi avons lu ton texte ce matin et nous en déduisons que tu as besoin de partir en vacances aprés une année laborieuse et fatigante.Nous sommes avec toi et on t'embrasse trés tendrement,Maman et Papa