mercredi 6 novembre 2013

On n'a jamais fini

Les loups ont regagné leur forêt et c'est tant mieux.  Le petit chaperon rouge itou.   Pas déçue de le laisser partir celui-là.
Nous n'en avons pas fini avec les loups mais on ne les verra plus en peinture.   Aller au bout de son travail, dans tous les domaines est vraiment quelque chose qui me tient à coeur.  Je voudrais que mes élèves éprouvent une vraie satisfaction à achever les choses.
Et il en va de même, bien entendu en arts plastiques.  Alors c'est à bout de souffle que j'ai amené la plupart à finir ces forêts au loup.   









Finir son travail.  Ne pas s'en débarrasser.  Ne pas bâcler.   

Je vis quelque chose d'étrange (mais prévisible) dans ma classe:  mes CP dépassent certains de mes petits CE1.   Ça devait arriver, avec les 6 petits gars que j'ai et qui lisent déjà comme des grands.
Mais les autres aussi m'étonnent parfois.   La production d'écrit me réjouit toujours autant, à condition d'avoir l'auteur avec soi pour m'aider à déchiffrer.  

 J'utilise un livre qui s'appelle "No more "I'm done""  (traduisez par:  plus jamais "j'ai fini")   et qui montre comment lancer les enfants dans un travail d'écriture.  On met la musique, et hop, ça déclenche l'envie d'écrire.
Et surtout, ce livre apprend aux enfants que l'écriture d'un texte n'est jamais finie.   Qu'on peut toujours l'améliorer, l'enrichir, raconter les détails, ajouter son point de vue, faire parler les gens, parler de ce qu'on ressent, oui, même les plus petits peuvent faire ça.
Le principe de base est de ne jamais donner de "sujet":  Raconte tes vacances est donc proscrit.   Ayons confiance.  Les enfants savent nous raconter des histoires.



 Magique. Enfin presque.   Faut d'abord calmer les excités,  et c'est fou ce que la BO du film "Mission" peut faire  (c'est le premier disque que j'ai trouvé).   10 minutes de musique et zéro bruit, chacun écrit.  

Ensuite, on nourrit les enfants d'histoires pour observer comment font les vrais auteurs. 

  En voilà un qui écrit en suivant le schéma des mois de l'année avec un camion qui livre des gens.   
Magique:   un de mes petits en difficulté décide d'écrire aussi sur le même modèle:

Lundi, je vais à l'école en camion.
mardi, mes chiens se sont barrés  (j'ai corrigé par "partis")
Mercredi, je me suis cassé le bras
Jeudi,   (bloqué par la fin de l'atelier écriture)....

Et tout ça par un élève qui n'écrivait RIEN avant.

On cherche les sons pour faire les mots, on épelle, on fait des fautes, on s'entr'aide.
On en est là.

 Ma vie d'enseignante est palpitante.  Il y a des jours où j'ai envie de m’asseoir dans un canapé et d'admirer le travail.
Et puis parfois, j'ai envie de partir en courant, parce que c'est trop dur.

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