dimanche 28 février 2016

De fil en aiguille

Il y a 8 ans, je commençais ce blog et j'avais posté ce billet-là.  C'était des petits projets coutures qu'on faisait Emma et moi, elle avait 9 ans. Et ce jour-là, quelque chose a été semé.
Puis quelques années plus tard, elle s'est mise à vouloir se faire ses vêtements.  Seule.  devant sa (ma) machine à coudre, elle a appris.  C'est devenu une activité dévorante, passionnante.  Au point que l'idée a germé de peut-être, un jour en faire son métier.
C'est vers ESMOD qu'Emma s'est tournée.  Portes ouvertes, lettre de motivation, dossier et finalement, entretien, à Bordeaux la semaine dernière.  

 Et que nous en sommes reparties, une admission en poche, après une heure d'entretien.

Ce qui a plu?  Emma.  Avec son incroyable détermination.  Et ce petit "book", dont voici quelques pages, qui la représente.  






jeudi 25 février 2016

En mission

Il y a un an, dans ce billet, je vous faisais part de ce que je voulais vraiment. Je devais être à un moment un peu creux de l'année, en fait ça m'arrive souvent en février. L'hiver a été assez long comme ça et pour survivre, je fais plein de rêves.
L'année dernière donc, je vous ai dit que ce que je voulais vraiment, c'est partir, voir ailleurs.  Cette idée ne m'a pas lâchée, et encore moins cette année car ma classe est difficile et me force à me me poser plein de questions.  Que faire, comment faire, et si on faisait autrement?

L'Education nationale ne permet pas de rêve.  Il faut aller les chercher nous mêmes pour trouver un peu d'inspiration et d'enthousiasme.  Lors de ma dernière inspection, j'avais fait part de mon envie d'aller me former ailleurs, voir d'autres façons de faire, et mon inspectrice, très à l'écoute en apparence, m'a suggéré de m'impliquer dans le projet COMMENIUS, mais je crois qu'elle n'a pas bien compris ce que je voulais.

Qu'à cela ne tienne,je pars.  Sans aide financière, sans encouragements de la part de ma hiérarchie et sur mon temps de vacances, je pars et j'emmène avec moi ma collègue Nelly qui y croit aussi.  Qui croit comme moi qu'on peut faire les choses autrement, s'ouvrir à d'autres approches pédagogiques et qui surtout, se sent enfermée dans sa classe, avec toutes les difficultés possibles et imaginables, comme moi.  On ne va pas en rester là.


Nous partons donc et allons découvrir "the responsive classroom approach" à Newton dans le Massachussets , une approche pédagogique présente dans ce livre que j'utilise pour mon regroupement du matin. Ce ne sera pas suffisant pour qu'on devienne des expertes, mais, qui sait?  Ce n'est peut-être qu'un début!
Stay tuned!  On vous racontera TOUT!

mardi 9 février 2016

Sans moi, et malgré moi

Presque 2 mois sans nouvelles!  
Je suis toujours là,  Nous avons attendu internet longtemps à la maison, et ce serait mentir que de dire qu'on a appris à vivre sans ou presque. 
Nous revoilà connectés au monde, et le blog reprend vie.   


 Comme le montrent ces éléphants, décorés comme au Sri Lanka, j'ai repris la lecture du Tour du monde d'Emile, que j'adore. On est arrivés à l'ïle de Pâques et ses Moaïs, mais c'est très différent d'il y a 5 ans quand je l'ai étudié.  Si différent à bien des égards.  Les enfants sont différents. Tellement différents.



Il m'est arrivé quelque chose à l'école la semaine dernière.  Je vais vous le raconter parce que ça illustre toute ma détresse de maîtresse.
Pendant l'atelier de lecture  (Les 5 au quotidien, dont j'ai déjà parlé dans ce blog, ici) auquel je m'accroche coûte que coûte malgré les difficultés, 2 petites filles demandent si elles peuvent lire avec moi, à la table ronde.  L'une est au CE1 et a encore besoin de consolider ses compétences de lecteur  (voilà que je parle comme une pro) et l'autre,une espiègle CP.
Les voilà qui commencent la lecture du "Filou de la forêt" d'Oliver Jeffers, mon préféré.  
Je n'en reviens pas.  Je suis de près l'élève de CE1 depuis le début de l'année car elle a encore du mal.  Mais l'autre, là, la petite fille de CP, c'est elle qui mène la lecture, qui reprend et corrige celle de CE1, et qui finalement, lit le livre sans aucun accroc, avec l'intonation.  Et je ne l'ai jamais su.

Je ne m'en étais jamais rendue compte.  Comment ai-je pu passer à côté de ça?  Comment ai-je pu ne pas me rendre compte que cette élève de CP avait appris à lire aussi bien, malgré moi? 

Vous savez, j'ai eu honte
Honte de ne pas m'en être aperçue. Oh bien sûr, elle n'a sans doute pas eu besoin de moi pour apprendre à lire. Mais je passe 6 heures par jour dans cette classe et je n'ai jamais su que cette petite fille lisait comme vous et moi. 

Alors?  Il est là mon drame.  26 élèves, 2 niveaux, un enfant handicapé, une enfant mutique, 5 enfants au moins avec de grosses difficultés, trop avec des comportements à problème, un qu'on soupçonne d'être précoce, des situations familiales inextricables et j'en passe.  

Voilà la vérité.  Il y aura toujours des enfants qu'on laisse de côté, parce qu'on est happé par les autres, plus bruyants, plus remuants, et ce n'est pas forcément ceux qui sont le plus en difficulté.  
Parmi ces enfants qu'on laisse de côté malgré nous, (on les appelle les enfants transparents) il y a ceux qui s'en sortiront toujours et malheureusement ceux qui abandonneront.

Ça m'a beaucoup travaillé cette histoire.  

Alors je cherche, je cherche comment diviser mon temps, mon espace si réduit pour que chacun existe.

Et le temps que je trouve la solution, vous n'avez qu'à regarder ces éléphants, ils sont rigolos non?